EthologiePsychologie du cheval

Intelligence équine VS intelligence humaine

Qu’est-ce-que l’intelligence?

Tout d’abord on peut se demander qu’est ce que l’intelligence ? En effet pour nous humain, l’intelligence peut se définir par nos capacités d’apprentissage, nos avancées technologiques, scientifiques ou encore notre capacité à influencer la nature. Mais d’un point de vue plus large, l’intelligence est propre à chaque espèce et à ses besoins spécifiques. Quel est l’intérêt ultime de développer une intelligence? Il est le même pour toutes les espèces confondues : c’est la survie. En effet, celui qui survit c’est celui qui sait s’adapter au changement de son environnement.  Plutôt que d’intelligence on parlera donc de capacités cognitives. Le cerveau du cheval occupe une petite place dans son crâne puisqu’il fait la taille d’une orange. Si l’on regarde le cerveau humain il prend pratiquement toute la boite crânienne. Pourquoi notre cerveau s’est autant développé ? Tout simplement parce que notre besoin de survie est fortement comblé donc nous avons développé d’autres besoins. Il suffit de regarder la pyramide de Maslow pour comprendre tout cela :

Une fois que nos besoins de base sont satisfaits (1 à 3) on cherche à satisfaire nos autres besoins secondaires (4 et 5). Mais dans le règne animal nous sommes les seules à avoir autant évolué donc forcément on se sent parfois un peu isolé. Ce qui entraine beaucoup d’anthropomorphisme, on voudrait que les animaux pensent comme nous. C’est difficile de se dire que nous sommes les seuls à nous poser autant de questions sur notre existence, à avoir la notion du temps qui passe etc. Même si ce n’est pas facile, il faut rester conscient qu’un animal n’a pas les mêmes capacités cognitives et donc la même façon de penser. Il est essentiel de respecter les capacités du cheval et surtout ses incapacités. On peut prendre l’exemple de la notion du bien et du mal. Le cheval n’a pas conscience de ces notions, il ne va pas culpabiliser si son cavalier tombe, ni se sentir mal s’il n’a pas gagné le concours. Ce sont des concepts exclusivement humains. C’est pourquoi aujourd’hui le monde du cheval est rempli de croyances qui nous induisent en erreur et peuvent être dangereuses. Le faite de punir un cheval qui selon nous aurait mal agit en conscience de cause est un jugement de valeur humain, ce qui peut entrainer  de la cruauté même si cette dernière n’est pas intentionnelle et est motivé par de vraies croyances. La science a encore un rôle à jouer dans tout cela en nous apportant la connaissance scientifique du cheval. Il nous faut accepter que chaque être vivant ait une intelligence qui lui est propre et la respecter. Est-ce plus intelligent d’avoir un système de développement qui induit la destruction de son propre environnement ? Là est une grande question philosophique dans laquelle je ne m’égarerai pas. En tous les cas, nous sommes le seul être à vivre de cette façon et pas sûr que les animaux nous perçoivent comme douer d’une supériorité intellectuelle. En conclusion, chaque intelligence est unique et si nous souhaitons interagir avec une autre espèce il nous faut la comprendre et donc l’étudier en évitant au maximum les systèmes de croyance.

Comment fonctionne le cerveau du cheval?

Si l’on compare la taille du cerveau du cheval et celle de l’humain il y a une énorme différence :

  • Chez le cheval : le cerveau pèse environ 500g soit 0,1% de son poids, il mesure 12 à 13 cm de longueur pour 5cm de largeur
  • Chez l’humain : son poids est de 1500g soit 2 % de notre corps et il mesure environ 15cm

Dans nos cerveaux respectifs, il y a 3 grandes parties : la partie reptilienne, le lambic et le néocortex.

Le cerveau reptilien est la partie liée notre héritage primitif. Elle va gérer nos fonctions vitales comme notre capacité à respirer, elle est donc du domaine de l’inné.

Ensuite il y a la partie lambic. C’est grâce à elle que nous pouvons sentir des émotions. C’est donc aussi une fonction innée qu’on ne contrôle pas volontairement. Le cheval en possède bien évidemment une ce qui d’ailleurs conditionne sa survie. En tant qu’herbivore, il est dans son intérêt d’avoir des émotions c’est ce qui va lui donner la capacité de fuir en cas de danger. Elle va donc lui permettre de gérer son corps et donc d’avoir différentes allures.

Pour finir, il y a le néocortex ou cortex préfrontal. C’est ce qui est propre à notre intelligence. Chez nous, il se trouve juste derrière la plaque de notre front. Chez le cheval c’est une très petite partie, chez nous c’est la plus grande. Concernant le cheval, on ne sait pas encore grand-chose sur son utilité. Il semblerait qu’il soit lié à sa bouche et son bout du nez. C’est ce qui lui donnerait la capacité de séparer les types d’herbes, de savoir si l’aliment est comestible ou pas etc. Il est donc très différent du nôtre. Il est spécifique à notre intelligence humaine et est à l’origine de notre langage, notre capacité à compter ou encore à lire mais surtout à raisonner. Pourquoi celui du cheval ne s’est pas plus développé ? Tout simplement parce qu’il n’en a pas l’utilité. Le cerveau qu’il a répond à ses besoins de survie. Si le cheval n’est pas doté d’un néocortex très développé on peut bien comprendre qu’il n’a pas les mêmes capacités cognitives que nous et surtout une capacité de raisonnement avancée. Ce n’est pas pour autant qu’on est plus intelligent que le cheval. Comme on l’a vu précédemment tout est une question de point de vue.

 

Carnivores / Herbivores, des intérêts opposés

Les carnivores et les herbivores ont des motivations opposées. En effet la principale motivation du carnivore c’est d’obtenir l’herbivore. Pour l’herbivore, la motivation première est d’éviter le carnivore. Si ces motivations ne sont pas remplies, l’animal meurt dans les deux cas.

Ces motivations sont à l’origine du développement spécifique de leur cerveau. Par conséquent, l’herbivore qu’est le cheval dispose d’une excellente mémoire mais par contre n’est pas bon pour la planification. Il n’a pas besoin de faire un effort particulier pour trouver la nourriture par contre il a besoin de se souvenir des expériences traumatisantes pour ne pas se mettre en danger.

Le prédateur, lui, a besoin de planifier pour obtenir sa proie. Par exemple un lion va repérer dans un troupeau qui est l’animal le plus faible, par où il doit passer pour avoir plus de chance de la capturer etc.

L’excellente mémoire du cheval est à l’origine de la majorité des difficultés rencontrées en équitation car il est impossible de les faire oublier. On peut comparer le cheval à un photographe. Notre mémoire à nous humain, rajoute des choses au souvenir mais chez le cheval le film reste intacte. Ne pouvant effacer un souvenir traumatisant, notre seule solution est d’ajouter une couche de conditionnement ou de renforcement positif pour rendre la situation acceptable. Par contre l’analyse, l’organisation et l’anticipation ne font pas parties de ses dispositions. C’est pourquoi punir un cheval n’a aucune utilité. Il lui est impossible de se remettre question par rapport à un mauvais comportement, il n’a pas cette capacité de raisonnement ni la capacité morale. En plus d’être inutile, la punition n’est donc pas éthique.

Voici quelques situations que l’on rencontre dans le monde équestre et qui ne sont pas bien interprétées…

Mon cheval urine dans son foin au boxe 

Le cheval n’aime pas la sensation des éclaboussures et il n’aime pas se salir. Par conséquent, il va préférer uriner dans son foin. Il ne peut donc plus le manger. Cependant il est dans l’incapacité de raisonner par rapport à ça. Ses émotions sont instinctives, il est donc inutile de ne pas lui redonner de foin car il ne fera pas le lien. Repensez plutôt l’organisation du boxe.

Mon cheval parle lorsqu’il hennit

Le hennissement, n’est pas un langage verbal mais des bruits qui traduisent des émotions. Il peut donc exprimer du plaisir, du stress mais le cheval ne parle pas. C’est une capacité associative, c’est-à-dire qu’elle est liée aux instincts primaires du cheval, le lambic en l’occurrence.

Ce qu’il mange ne lui donne pas assez d’énergie pour avoir un cerveau très élaboré.

 

Quelles conséquences pour l’équitation ?

La plus grande difficulté que l’on rencontre dans la pratique de l’équitation c’est qu’on amène le cheval dans notre environnement et qu’on lui demande de s’y adapter. Or,  il n’est pas naturel pour nos deux espèces de cohabiter. Cependant c’est bien nous qui avons décidé de faire entrer le cheval dans notre monde et de lui imposer ces contraintes. Avec nos capacités cognitives, contrairement au cheval, nous avons les capacités de nous adapter au cheval et d’adapter son environnement pour lui offrir des conditions de vie en accord avec ses besoins. On peut se demander s’il ne serait pas profitable que le cheval possède notre capacité à raisonner. La réponse est non si l’on souhaite pouvoir monter sur son dos. Soit ce serait une expérience traumatisante pour le cheval car il comprendrait tout ce qu’on lui demande et on le contraindrait ce qui ne serait pas éthique. Soit il ne nous laisserait tout simplement pas le faire. Le débourrage serait dans tous les cas impossible C’est donc une chance pour nous cavalier que le cheval est une intelligence différente de la notre. C’est pourquoi nous ne devons pas abuser de cette chance et respecter le cheval pour ce qui l’est et pas ce que l’on projette qu’il soit. Cela entraine les complications que l’on ne connait que trop…

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