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L’éthologie la vraie : kesako?

Il y a quelques années, quand l’éthologie est entrée dans le monde de l’équitation j’ai tout de suite été attirée par le concept. Peut-être que le film l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux n’y était pas pour rien ! Je m’imaginais dans une équitation douce, basée sur la compréhension et la relation, en gros ma vision idyllique du cheval. Mais en y regardant de plus près, je me suis rendue compte que ce n’était pas toujours pratiquée dans un sens éthique et que là aussi il y avait de nombreuses incompréhensions et mauvais usages… C’est en m’intéressant à la « vraie » éthologie que j’en ai compris les fondements et de quelle manière elle pouvait être à la base d’une équitation la plus respectueuse du cheval possible.

Comme vous le savez l’éthologie est l’étude sur le comportement des animaux dans leur milieu naturel. Ce n’est pas une équitation mais bien une science. L’éthologie appliquée au cheval est limitée puisque plus aucun groupe ne vit sans l’intervention de l’homme. On parle souvent des chevaux de przewalski comme référence mais même ces chevaux ont été réintroduits et leur milieu a donc été aménagé par l’homme. On est donc dans une éthologie appliquée. Lorsque l’on va dresser le portrait scientifique d’un animal on va parler d’éthogramme. A quoi peut bien nous servir de connaitre cet éthogramme pour les chevaux puisqu’ils ne sont plus sauvages et sont domestiqués ? Tout simplement à mieux comprendre qui ils sont, les contraintes de cette domestication pour le cheval et les effets qui en découlent. Dans le fond si l’on voulait réellement respecter le cheval on devrait simplement l’observer dans sa prairie. Or nous avons décidé de l’utiliser pour notre plaisir et de le faire intégrer notre milieu et ainsi nos contraintes. La grande question que je me pose et c’est d’ailleurs ce qui m’a amenée à créer ce blog : Comment peut-on avoir une équitation éthique où l’on ne sacrifie pas le cheval pour notre plaisir sans pour autant rentrer dans des idées extrêmes? Je pense qu’il est possible d’être réaliste et éthique. L’étude scientifique du cheval et donc l’éthologie peut nous aider dans ce sens.

 

Pourquoi est-il essentiel de pratiquer une équitation éthique ?

Si notre démarche avec les chevaux n’est pas éthique, c’est comme vivre avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. En effet tôt ou tard la situation peut devenir dangereuse pour le cheval comme pour nous. Il est essentiel de respecter l’intégrité du cheval. On peut la diviser en 3 catégories : physique, émotionnel et mental. Ces 3 éléments sont étroitement liés et s’influencent les uns les autres.  Si le cheval est mal dans son corps il est mal dans sa tête et vice-versa. On peut prendre l’exemple du cheval qui vit dans un environnement stressant. Il va ressentir beaucoup de pression, ce qui va créer→ des tensions musculaires→ une hausse de l’adrénaline→ de l’acidité gastrique → ce qui peut provoquer maladies et stéréotypies. On se doit de mettre le cheval dans un environnement où il y a des solutions et le moins de pression possible. Dans notre société, nous sommes en pleine mutation et nous prenons de plus en plus conscience que notre psychisme conditionne notre qualité de vie. En effet de nombreuses maladies sont liées à nos modes de vie éloignés de nos besoins les plus basiques. Nous connaissons une évolution tellement rapide de tout ce qui nous entoure que nous en oubliant parfois l’essentiel. Heureusement, les consciences s’élèvent et le bien-être de l’individu en est le défi majeur. C’est ainsi que de nombreuses activités se développent : alimentation bio, développement personnel, thérapies douces, naturopathie etc. Et les animaux ont un rôle à jouer dans cette orientation car ils ont cette capacité de nous ramener à l’instant présent eux qui y sont ancrés. Les animaux faisant partie intégrante de notre environnement, bénéficient de plus en plus de cette dynamique et le bien-être animal s’élève désormais comme un des sujets de débats principaux dans notre pays et dans le monde. Il nous faut comprendre qu’il en va de notre intérêt à tous de les traiter avec respect que ce soit nos animaux domestiques que les animaux qui terminent dans nos assiettes. Mais revenons en à nos chevaux ( :

Il est important de comprendre que la vie que nous offrons à nos chevaux n’est pas naturelle pour lui même si nous mettons tout notre cœur pour qu’elle le soit. C’est pourquoi il faut s’approcher le plus possible de son éthogramme naturel pour son bien-être. C’est à nous de nous adapter au cheval pas le contraire. D’autant plus qu’il est plus facile pour nous humain d’adapter notre comportement au cheval que l’inverse. En effet nos capacités intellectuelles nous permettent de raisonner, d’étudier le comportement du cheval, de savoir ce que l’on attend de lui, de chercher les solutions pour l’obtenir. Ce sont des choses que nos chevaux sont incapables de mettre en place.

Nous sommes avant tout des passionnés de cet animal et son éducation est au cœur de nos préoccupations. Mais il y a encore beaucoup à faire pour rendre notre relation plus harmonieuse. Il suffit de s’intéresser au taux d’accident qui reste à ce jour trop important. Si l’on connait bien le cheval on diminue le risque, car plus on le comprend moins l’on risque de se mettre dans des situations dangereuses. La majorité des accidents peuvent être évités et nous avons les moyens et connaissances nécessaires pour rendre cela possible. Alors à nous de jouer !

 

Peut-on parler d’équitation naturelle ?

Pour répondre à cette question il faut se demander deux choses. Déjà de notre point de vue : Est-ce-qu’il est naturel pour le bipède intelligent que nous sommes de monter sur un quadrupède herbivore dont la nature est de fuir au moindre danger ? Du point de vue du cheval : Est-ce-que le cheval recherche naturellement le contact avec un prédateur et lui fait-il naturellement confiance pour mettre sa survie entre ses mains ? Je pense connaitre votre réponse à chacune de ces questions. Non non je ne suis pas médium (( :

L’équitation est une chose extraordinaire, un petit miracle de la vie je dirais même. Je pense que les hommes ont toujours été fascinés par les chevaux, il suffit de regarder les grottes à l’époque préhistoriques pour s’en rendre compte. Le cheval alimente tellement de légendes dans toutes les civilisations du monde. Pas étonnant qu’un jour l’Homme ait tenté l’impossible et l’ait rendu possible. Mais  il ne faut pas oublier que l’équitation reste un paradoxe. La nature et l’équitation sont et resteront deux opposés car nous ne pouvons pas changer le fondement de nos espèces respectives. Il faut donc bien comprendre qu’il n’y a aucune réponse innée du cheval à l’équitation. Il n’est pas possible d’acheter un cheval avec le pack équitation intégrée. Pourtant dans notre culture équestre et surtout dans les manuels d’équitation, on nous laisse très souvent penser que le cheval répond naturellement à nos sollicitations. Or, ce n’est pas un automatisme chez le cheval de répondre aux aides équestres. Mettez vos jambes sur un cheval non débourré, il n’avancera pas naturellement ou en tout cas ce ne sera pas maitrisé de votre part. Idem si vous tirez sur les rênes. Il doit donc y avoir une éducation et un conditionnement pour qu’il y ait une assimilation.

 

L’équitation éthologique est-elle une autre équitation ?

Toutes les équitations ont le même fondement et le même objectif : faire faire au cheval ce que l’on attend de lui. Ce qui change ce sont les moyens utilisés pour y parvenir. Certains disent qu’ils pratiquent l’équitation éthologique une fois par semaine et le reste du temps l’équitation classique. Ça ne veut rien dire. L’équitation éthologique n’est pas une autre équitation, c’est un état d’esprit. Elle est basée sur la compréhension du cheval et de ses propres objectifs. On peut donc très bien pratiquer de l’équitation dite classique avec une approche éthologique.

Il est essentiel que les cavaliers aient d’excellentes connaissances de l’équitation et pour cela l’équitation à la française remplie très bien son rôle. Ce n’est pas donc pas elle qu’il faut changer mais bel et bien la façon dont on explique l’équitation aux chevaux. J’ai rencontré de nombreux cavaliers talentueux avec un excellent niveau technique mais qui ne savait pas ce qu’était réellement un cheval. Pour juger la manière avec laquelle est éduqué un cheval et donc le niveau de connaissance de la psychologie du cheval il suffit de poser la question suivante : comment le cheval apprend l’équitation ? Certains vont dire que le cheval a besoin d’un leader, d’autres qu’il faut imposer son respect ou encore qu’il est obligatoire d’utiliser la force. Depuis 2006, les scientifiques ont élaboré la théorie d’apprentissage du cheval en se basant sur son éthogramme et toutes les connaissances scientifiques inhérentes. Sachant que la domestication du cheval s’est passée il y a 2000 ans, on voit bien qu’il s’agit d’une science très récente et elle n’est intégrée à ce jour à aucun cursus de formation équestre. Pourtant, comment peut-on éduquer son cheval et obtenir le meilleur de son potentiel si l’on ne sait pas comment ce dernier apprend ? La science va entrer doucement dans l’équitation c’est une certitude. L’équitation éthologique est un extraordinaire moteur dans ce changement et il est impératif de comprendre qu’elle n’est pas en concurrence avec l’équitation classique mais bel et bien complémentaire. De plus en plus de cavaliers souhaitent devenir des hommes/femmes de cheval ce qui est de bon augure pour l’évolution du monde équestre !

 

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