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Découvrir l’univers sensoriel du cheval : la vue

L’œil du cheval est un des plus larges parmi les animaux terrestres c’est une adaptation directement liée à son statut d’herbivore prédaté. Contrairement à nous qui avons nos deux yeux côte à côte de face, le cheval a les yeux sur le côté de sa tête. On parle alors de vision monoculaire. Elle lui offre une vision panoramique tout autour de lui. Il peut voir à 340 degrés. Il a également une vision binoculaire limitée qui forme un angle d’environ 60° et qui lui permet d’apprécier la profondeur. Si vous voulez savoir à quel moment le cheval utilise sa vision binoculaire, il vous suffit de regarder où pointent ses oreilles. Si elles sont orientées en direction d’un élément de son environnement, c’est qu’il l’utilise. Pour la survie d’un herbivore  il est plus important de voir large même de façon imprécise alors que pour un prédateur, la capture d’une proie nécessite une vision rapprochée et précise.

Si le cheval est capable de voir à 340° il y a forcément des zones qui échappent à son champ de vision. On parle alors de zones aveugles qui sont situées derrière la queue ou encore près du chanfrein entre les deux yeux. Or, le cheval ayant une très grande mobilité de sa tête, ces zones peuvent vite être dans son champ de vision en cas de besoin. La seule vraie zone aveugle se situe sous la gorge. C’est pour cela que l’on a énormément de défense à cet endroit notamment lors du débourrage. Il faut donc faire très attention. Cet endroit abrite la jugulaire, là où attaquent les prédateurs. C’est donc une zone de défense très ancrée chez le cheval. Si vous voulez être sûre que votre cheval vous voit, il vous suffit de vous assurer que vous voyez vous même ses yeux.

De plus, le cheval est dichromate : il voit principalement 2 couleurs. Les deux couleurs qu’il ne voit pas son le rouge et le vert. Il ne fait également pas la différence entre le rouge et le brun. Ce qui en fait un daltonien. Hé oui comme pour nous. C’est pourquoi il faut être vigilant quant au choix de couleurs du matériel, les obstacles par exemple. On peut s’imaginer que le cheval voit ce qui l’entoure comme un paysage jaunie.

Autre caractéristique de la vue du cheval c’est que son adaptation à la lumière est plus longue de la nôtre de 2 à 3 secondes. Ce qui explique pourquoi les chevaux peuvent avoir des réactions dans les zones ombre/lumière, il se retrouve aveugler quelques secondes. Peut être que certains d’entre vous en ont déjà fait les frais en sortant d’une forêt par exemple.

Concernant sa vision nocturne, elle est cette fois meilleure que la nôtre. En effet, il capte plus de lumière que nous ce qui est encore une conséquence de son statut d’herbivore : la nuit il y a encore de la prédation.

Le cheval a comme nous une vision 3D, il peut donc voir en profondeur. Par contre il lui est indispensable d’avoir l’objet dans ces deux yeux pour avoir cette vision 3D.  Quand un cheval broute et que quelque chose arrive, il regarde avec ces deux yeux pour apprécier la distance de l’objet. Il est donc très important de laisser le cheval libre de regarder son environnement. On voit également très souvent le cheval lever la tête pour voir quelque chose. La pupille du cheval contrairement à la notre est une ligne qu’on appelle la ligne focale et elle se situe un peu en dessous du milieu de l’œil. Conséquence : le cheval a besoin de mettre sa ligne au niveau de ce qu’il regarde pour apprécier la profondeur et la distance. C’est pour cela qu’il est primordial de ne pas enfermer les chevaux quand ils vont sauter car il a besoin de cette liberté de mouvement pour préparer son saut. A cette condition le cheval peut avoir une excellente acuité visuelle pour la vision de loin ce qui lui permet de scruter les dangers. Par contre sa vision rapprochée est moins performante que celle de l’homme mais il peut voir avec précision l’herbe à ses pieds lorsqu’il broute.

Le cheval ne voit pas le bout de son nez conséquence : il doit sentir avec sa bouche/dent ce qui lui est présenté. Chez le poulain on a souvent ce réflexe de mordillement qui peut perdurer à l’âge adulte si l’on éduque pas le cheval dans ce sens. De plus, son nez étant situé entre ses deux yeux l’empêche de voir dans une zone d’environ 2mètres située devant lui.

Quelles conséquences pour le cheval monté : naturellement le cheval utilise la mobilité de sa tête pour apprécier son environnement, son port de tête étant dans ce cas légèrement au dessus de la main. Lorsque le cheval est sur la main, sa tête forme un angle à 90°. Son champ visuel frontal devient limité en distance devant lui et il ne voit pas la zone en arrière de la verticale de son chanfrein. On estime que cette limitation du champ visuel frontal favorise à rendre le cheval plus attentif à son cavalier car il est tributaire de son cavalier pour progresser vers l’avant. Il faut donc être bien conscient qu’on limite le champ de vision du cheval et donc que nous devons les yeux de nos chevaux. Ne regarde pas par terre cette phrase que vous avez dû entendre prend aujourd’hui tout son sens ( ;

Lorsqu’un cheval est encapuchonné : son champ frontal se réduit à la vue de ses pieds… Il risque donc la collision ou pire, si par exemple on lui demande de sauter il pourrait traverser l’obstacle faute de n’avoir pu le voir.

Les vibrisses, le meilleur allié de la vue du cheval ! Le cheval ne voyant pas le bout de son nez, les vibrisses lui servent à identifier tout ce qu’il ne peut pas voir au bout de son nez. Savez vous qu’un cheval à qui on a coupé les vibrisses a plus de chance de se blesser la tête dans un van ? En effet ce sont ces vibrisses qui lui permettent de repérer les parois du van. De plus il est essentiel de bien régler la barre horizontale du poitrail pour dégager le champ visuel du cheval et lui éviter de voyager « tête au mur » .

Connaissez-vous le lien entre le vent la vue du cheval et sa fuite ? Les grands yeux du cheval lui permettent de détecter facilement tout mouvement. Les jours venteux, il y a énormément d’éléments en mouvement  : les feuilles des arbres, la poussière, le matériel dans la carrière etc. Or, sa capacité à détecter les mouvements lui permet de détecter les attaques d’un éventuel prédateur et donc d’assurer sa sécurité. C’est pourquoi les jours de vent le cheval a tendance à faire plus d’écart et à prendre la fuite facilement. Vous pouvez observer ce comportement au pré : il s’enfuit, puis s’arrête, se retourne, lève la tête et regarde l’objet de ses peurs.

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